Parfois, il faut être un peu fou dans la vie. Je ne sais pas quelle motivation m'anime en ce matin de 3e étape, mais faire 2800m de dénivelé cumulé dans une journée, lesté de 12kg de bagages, me laisse impatient, enthousiaste, et en même temps, je me dis que probablement jamais je n'aurai autant ch*** dans aucune journée. Il faut aimer se faire mal : c'est tout le charme du sport cycliste. Mon dopant? La garantie de voir des beaux paysages, et le simple orgueil de dire je l'ai fait !
30km de faux plat montant en guise de hors d'oeuvre, suivi dans la foulée du redoutable port de Pailhères, 15km dont 12km à 9% de moyenne ; puis, après une descente vertigineuse, une nouvelle montée jusqu'à l'Hospitalet-près-l'Andorre, commune située à mi-chemin de la montée franco-andorrane du Port d'Envalira.
Pour couronner le tout, j'ignore si le beau temps matinal se maintiendra toute la journée ! Les prévisions météo se contredisent selon les sources, et c'est assez peu rassurant.
L'étape ne fait "que" 85km, mais jamais je n'aurai eu un tel niveau de difficulté.
Le matin, après un check complet du vélo car la descente sera dangereuse, je pars vers 9h. Et le soleil enfin présent, il fait bien + chaud que la veille!
Je m'élance vers le sud, Axat. Déjà, ambiance : le splendide défilé de Pierre-Lys, sur 10km. C'est un défilé très étroit où se concentre une rivière et une route. La route est en faux plat, mais pour le moment, on ne peut pas se lamenter de la pente !
Je passe Axat, et alors là, plein les yeux! Le défilé de Pierre-Lys était déjà splendide, mais que dire des Gorges de Saint-Georges, en sortie d'Axat? Là, les gorges sont tellement étroites que la route est taillée dans la roche! La France recèle de petits trésors naturels en son sein, et je dois bien dire que prendre ce genre de route à vélo est un enchantement.
Un enchantement à prendre avec prudence néanmoins, et avec un casque : des petits cailloux me tombèrent à un moment dessus ! Pas de quoi être assommé pour sûr, mais heureux de porter un casque pour le coup!
Je continue la route dans ces belles gorges de l'Aude, la route va crescendo, et le paysage reste beau mais un peu plus monotone. Aussi, la route en S m'empêche de me situer exactement sur la carte. Alors, mon seul repère valable est mon compteur kilométrique... avec une pente allant crescendo, ils ne défilent pas très rapidement... Néanmoins, je tiens une vitesse que j'estime bonne, entre 12kmh et 15kmh.
A Usson-les-Bains, après 30km de petite côte régulière, en sortie des gorges de l'Aude et à quelques hectomètres du pied du port de Pailhères, un petit bar-resto. Je m'y arrête : je suis déjà un peu fatigué, alors je me prends une bonne demi-heure pour récupérer de mes forces.
Au 32e kilomètre, ça y est, l'heure de vérité est arrivée ! Je tourne à droite, en direction d'Ax-les-Thermes. Si je l'oublie, un panneau est là pour me le rappeler : c'est 15km, à + de 8% de moyenne. Le château cathare d'Usson a beau être imposant dans son fond de vallée, je n'ai plus vraiment la tête à apprécier le paysage, concentré par l'effort que je vais devoir mettre ces prochaines heures, dans ce qui m'est la plus dure montée jamais escaladée.
Les 2 premiers kilomètres mettent déjà dans l'ambiance: 9%. Je passe les villages pittoresques de Rouze et Mijanès, et je continue la montée.
A la sortie de ces 2 villages, on peut souffler quelques décamètres par des mini-descentes, et l'air de rien, elles remoralisent un peu ! Se dire que dans ce genre de montée, où le % moyen du prochain kilomètre est précisé sur des bornes, on est heureux lorsqu'on voit l'indication d'une pente inférieure ou égale à 7,5%, c'est se dire qu'on perd ses repères habituels !
Ce port de Pailhères est plutôt régulier, sauf à la sortie de Mijanès, il n'y a pas de coupures nettes de la pente. Néanmoins, lorsqu'on est chargé de 12kg de bagages, et qu'on est pas soit même un "poids plume", les kilos supplémentaires, on les sent... Peu après la sortie de Mijanès, j'ai une partie raide à + de 9% sur plusieurs kilomètres. Je tiens un 6kmh difficilement. Il y a beaucoup de cyclistes. J'en double quelques uns, mais la plupart me doublent ! Je suis néanmoins satisfait de la vitesse. Beaucoup me souhaitent bon courage, lesté de mes bagages.
En amont de la petite station de ski, ça devient encore + dur! La route est en lacets étroits et serrés, et le paysage est beau. Mais le ciel me fait un peu peur : il oscille entre ciel bleu et brouillard, et j'espère pouvoir passer le col dans des bonnes conditions météo. Et surtout descendre par des conditions climatiques acceptables.
Dans la partie la + dure, dans le 3e tiers, à près de 11%, je n'ai malheureusement pas de chance : j'ai le droit à des nappes denses de brouillard. Ce n'est pas le rafraîchissement soudain qui me pose problème, c'est l'humidité qui atteint directement les bronches dans un effort assez violent, combiné au manque d'oxygène qui nous oblige à rechercher encore plus l'air.
Le manque d'oxygène, voilà un autre élément de la haute montagne. C'est mon 5e "2000m", donc je connais la réaction du corps face à cette donnée particulière. A partir de 1750m, si l'effort physique est violent, on le ressent. A partir de 1900m de surcroît.
Les principaux effets sont le risque de manque de vigilance, et surtout la nécessité d'une concentration accrue sur l'effort, qui nous fait dépenser encore plus. La démotivation peut aussi arriver + rapidement. Certains disent que l'effort de 3km de montée à 2000m d'altitude équivaut à 5 ou 6km au niveau de la mer, à pente constante. Je ne pourrais l'affirmer ; mais ce que je peux assurer, c'est que l'effort est plus violent !
Les 3 derniers kilomètres de ce port de Pailhères, en ce sens, sont juste AFFREUX ! Déjà, une longue rampe à 12%, dans laquelle je n'avais aucune visibilité, puis ensuite, une pente supérieure à 10%, avec un petit vent de face.
Je dois bien dire que si, à ce moment, j'avais eu moyen d'esquiver le col, je l'aurais probablement fait! Mais j'étais attendu de l'autre côté de la montagne, et il me fallait donc y parvenir.
Pour enfin, arriver au sommet, à 2001m. Le sommet... le brouillard faisant, je ne voyais pas à 20m ; et je n'ai su que j'y étais qu'à 50m du col. J'entendais des enfants, j'avais peur d'en percuter un. Je craignais aussi la vache ou le mouton sur la route. Là aussi, dans cette ambiance originale, c'est quelque chose que je ne suis pas prêt d'oublier...
Je m'arrête quelques minutes au Port de Pailhères, où je cause en anglais à des touristes belges montés aussi en vélo. On en profite pour nous prendre mutuellement en photo.
La descente vers Ax-les-Thermes est assez vertigineuse. Sèche, et par temps clair. La route est souvent large, mais les virages sont secs, il convient donc de rester vigilent. J'atteins assez facilement 80km/h.
Arrivé à Ax-les-Thermes, je n'ai pas très chaud, je me prends donc un bon chocolat chaud : j'ai vaincu le "monstre" Pailhères, un des plus durs cols pyrénéens! Je n'en suis pas peu fier.
La 2e montée du jour, d'Ax vers L'Hospitalet est pénible : la route a beau être large (c'est la route d'Andorre), c'est le trafic d'une autoroute sur une petite route nationale. Ces 20km ne seront pas franchement agréables, de surcroît la vallée est loin d'être belle.
Mais j'arrive, vers 18h, à l'Hospitalet, à 1450m d'altitude. Je suis heureux de m'y arrêter : en regardant au-dessus de moi, la chape nuageuse est bien basse !
Demain, si la météo le permet, ça sera le Port d'Envalira, plus haut col routier pyrénéen, en Andorre. Avant de redescendre vers Foix.
30km de faux plat montant en guise de hors d'oeuvre, suivi dans la foulée du redoutable port de Pailhères, 15km dont 12km à 9% de moyenne ; puis, après une descente vertigineuse, une nouvelle montée jusqu'à l'Hospitalet-près-l'Andorre, commune située à mi-chemin de la montée franco-andorrane du Port d'Envalira.
Pour couronner le tout, j'ignore si le beau temps matinal se maintiendra toute la journée ! Les prévisions météo se contredisent selon les sources, et c'est assez peu rassurant.
L'étape ne fait "que" 85km, mais jamais je n'aurai eu un tel niveau de difficulté.
Le matin, après un check complet du vélo car la descente sera dangereuse, je pars vers 9h. Et le soleil enfin présent, il fait bien + chaud que la veille!
Je m'élance vers le sud, Axat. Déjà, ambiance : le splendide défilé de Pierre-Lys, sur 10km. C'est un défilé très étroit où se concentre une rivière et une route. La route est en faux plat, mais pour le moment, on ne peut pas se lamenter de la pente !
Paysage vers Quillan
Défilé de la Pierre-Lys
Un enchantement à prendre avec prudence néanmoins, et avec un casque : des petits cailloux me tombèrent à un moment dessus ! Pas de quoi être assommé pour sûr, mais heureux de porter un casque pour le coup!
Gorges de St-Georges
Je continue la route dans ces belles gorges de l'Aude, la route va crescendo, et le paysage reste beau mais un peu plus monotone. Aussi, la route en S m'empêche de me situer exactement sur la carte. Alors, mon seul repère valable est mon compteur kilométrique... avec une pente allant crescendo, ils ne défilent pas très rapidement... Néanmoins, je tiens une vitesse que j'estime bonne, entre 12kmh et 15kmh.
A Usson-les-Bains, après 30km de petite côte régulière, en sortie des gorges de l'Aude et à quelques hectomètres du pied du port de Pailhères, un petit bar-resto. Je m'y arrête : je suis déjà un peu fatigué, alors je me prends une bonne demi-heure pour récupérer de mes forces.
Usson-les-Bains
Pied du port de Pailhères. Au fond, le château cathare d'Usson.
Au 32e kilomètre, ça y est, l'heure de vérité est arrivée ! Je tourne à droite, en direction d'Ax-les-Thermes. Si je l'oublie, un panneau est là pour me le rappeler : c'est 15km, à + de 8% de moyenne. Le château cathare d'Usson a beau être imposant dans son fond de vallée, je n'ai plus vraiment la tête à apprécier le paysage, concentré par l'effort que je vais devoir mettre ces prochaines heures, dans ce qui m'est la plus dure montée jamais escaladée.
Les 2 premiers kilomètres mettent déjà dans l'ambiance: 9%. Je passe les villages pittoresques de Rouze et Mijanès, et je continue la montée.
A la sortie de ces 2 villages, on peut souffler quelques décamètres par des mini-descentes, et l'air de rien, elles remoralisent un peu ! Se dire que dans ce genre de montée, où le % moyen du prochain kilomètre est précisé sur des bornes, on est heureux lorsqu'on voit l'indication d'une pente inférieure ou égale à 7,5%, c'est se dire qu'on perd ses repères habituels !
Ce port de Pailhères est plutôt régulier, sauf à la sortie de Mijanès, il n'y a pas de coupures nettes de la pente. Néanmoins, lorsqu'on est chargé de 12kg de bagages, et qu'on est pas soit même un "poids plume", les kilos supplémentaires, on les sent... Peu après la sortie de Mijanès, j'ai une partie raide à + de 9% sur plusieurs kilomètres. Je tiens un 6kmh difficilement. Il y a beaucoup de cyclistes. J'en double quelques uns, mais la plupart me doublent ! Je suis néanmoins satisfait de la vitesse. Beaucoup me souhaitent bon courage, lesté de mes bagages.
En amont de la petite station de ski, ça devient encore + dur! La route est en lacets étroits et serrés, et le paysage est beau. Mais le ciel me fait un peu peur : il oscille entre ciel bleu et brouillard, et j'espère pouvoir passer le col dans des bonnes conditions météo. Et surtout descendre par des conditions climatiques acceptables.
Epingle à cheveu
Epingles à cheveux
Le manque d'oxygène, voilà un autre élément de la haute montagne. C'est mon 5e "2000m", donc je connais la réaction du corps face à cette donnée particulière. A partir de 1750m, si l'effort physique est violent, on le ressent. A partir de 1900m de surcroît.
Les principaux effets sont le risque de manque de vigilance, et surtout la nécessité d'une concentration accrue sur l'effort, qui nous fait dépenser encore plus. La démotivation peut aussi arriver + rapidement. Certains disent que l'effort de 3km de montée à 2000m d'altitude équivaut à 5 ou 6km au niveau de la mer, à pente constante. Je ne pourrais l'affirmer ; mais ce que je peux assurer, c'est que l'effort est plus violent !
Les 3 derniers kilomètres de ce port de Pailhères, en ce sens, sont juste AFFREUX ! Déjà, une longue rampe à 12%, dans laquelle je n'avais aucune visibilité, puis ensuite, une pente supérieure à 10%, avec un petit vent de face.
Je dois bien dire que si, à ce moment, j'avais eu moyen d'esquiver le col, je l'aurais probablement fait! Mais j'étais attendu de l'autre côté de la montagne, et il me fallait donc y parvenir.
A 3km du sommet, dans un ciel bleu gris
Dans le brouillard, des animaux sauvages.
A 300m du sommet. Dangereux. Aucune visibilité.
Pour enfin, arriver au sommet, à 2001m. Le sommet... le brouillard faisant, je ne voyais pas à 20m ; et je n'ai su que j'y étais qu'à 50m du col. J'entendais des enfants, j'avais peur d'en percuter un. Je craignais aussi la vache ou le mouton sur la route. Là aussi, dans cette ambiance originale, c'est quelque chose que je ne suis pas prêt d'oublier...
Je m'arrête quelques minutes au Port de Pailhères, où je cause en anglais à des touristes belges montés aussi en vélo. On en profite pour nous prendre mutuellement en photo.
Au port de Pailhères
La quiétude du port de Pailhères
La descente vers Ax-les-Thermes est assez vertigineuse. Sèche, et par temps clair. La route est souvent large, mais les virages sont secs, il convient donc de rester vigilent. J'atteins assez facilement 80km/h.
Descente vers Ax-les-Thermes
Arrivé à Ax-les-Thermes, je n'ai pas très chaud, je me prends donc un bon chocolat chaud : j'ai vaincu le "monstre" Pailhères, un des plus durs cols pyrénéens! Je n'en suis pas peu fier.
La 2e montée du jour, d'Ax vers L'Hospitalet est pénible : la route a beau être large (c'est la route d'Andorre), c'est le trafic d'une autoroute sur une petite route nationale. Ces 20km ne seront pas franchement agréables, de surcroît la vallée est loin d'être belle.
L'Hospitalet-près-l'Andorre
Mais j'arrive, vers 18h, à l'Hospitalet, à 1450m d'altitude. Je suis heureux de m'y arrêter : en regardant au-dessus de moi, la chape nuageuse est bien basse !
Demain, si la météo le permet, ça sera le Port d'Envalira, plus haut col routier pyrénéen, en Andorre. Avant de redescendre vers Foix.
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