J'ai prévu ce matin de m'attaquer au Port d'Envalira, point culminant routier des Pyrénées, en Andorre ; avant de redescendre vers Foix, préfecture de l'Ariège.
Mais au petit déjeuner : j'hésite. La météo a beau être encore sereine, on annonce des averses ce matin. Faire du vélo dans des mauvaises conditions en montagne, c'est toujours un peu dangereux.
Je consulte divers sites météo, et après une analyse poussée des cartes et avis de l'aubergiste, je me décide à pousser au moins jusqu'au Pas de la Case, à l'entrée d'Andorre. L'aubergiste me prévient : la route est saturée par la circulation tous les matins, et en vélo ce n'est pas une partie de plaisir... me voilà prévenu !
L'Hospitalet près l'Andorre.
Au-dessus de l'Hospitalet. Au fond, le massif vers le Pas de la Case.
Le début de la route vers le Pas de la Case n'est pas franchement intéressante. Au fur et à mesure que je grimpe, la météo se gâte. Parfois les hauteurs pyrénéennes se recouvrent d'un voile blanc, mais le plus souvent, non. Je n'ai pas confiance en l'évolution météo, mais je me suis lancé à l'assaut du Pas de la Case, quoi qu'il en soit j'y arriverai ! Têtu comme un breton que je suis...
Je rentre dans les Pyrénées Orientales, la circulation devient pénible. La route est très large, le paysage de la haute vallée de l'Ariège s'ouvre et devient de plus en plus grandiose, mais le trafic routier équivalent à celui d'une autoroute, poids lourds compris, est affreux, et gâche le plaisir de la montée. Je serre à droite autant que je peux, je sais que je suis bien visible et que le risque de collision est assez faible, mais ce n'est pas agréable.
La route et le trafic au Pas de la Case
Vue sur la haute vallée de l'Ariège, vers la douane.
Après avoir rejoint la route Perpignan - Andorre, le trafic routier croît encore. On m'avait prévenu... Mais pire : la pluie commence à tomber fort. Ce n'est pas qu'il fait froid, ce n'est pas que la visibilité soit mauvaise, ce n'est pas que je craigne la pluie en tant que tel, mais faire une montée en tenue imperméable n'est jamais agréable.
La route rétrécit un peu en largeur, et le trafic est tellement dense que je ne peux pas m'arrêter sur le bas côté. De tout de manière, je suis concentré sur la tenue de mon guidon : les voitures me doublant ne respectent pas le mètre cinquante latéral obligatoire, mais je ne leur en tiens pas rigueur : le trafic descendant est aussi très fort, et elles ne vont pas rester bloquées à 10km/h...
Beaucoup d'automobilistes m'encouragent en me doublant. Réconfortant. Je passe la douane franco-andorrane sans encombres. Le trafic faisant, le passage de la douane génère un bouchon de près d'1km côté français ! Je suis donc plutôt heureux de doubler quelques voitures, en côte ! Cela n'arrive pas si fréquemment à 1900m d'altitude !
Le passage de la douane, par une météo peu enviable
Il me reste encore environ 2km jusqu'au Pas de la Case, village-station de ski-supermarché discount situé à la frontière. Les derniers hectomètres sur le territoire français sont plus délicats, la pente avoisine les 8 ou 10%, et la météo m'a un peu usé. J'arrive au Pas de la Case à 2050m, et le manque d'oxygène se fait sentir.
L'arrivée au Pas de la Case
Entrée en Andorre, au Pas de la Case
Je passe la frontière, la route est humide, et au-dessus d'Andorre le ciel s'engage plutôt vers un (timide) bleu.
Le Pas de la Case est un village surprenant. Situé juste après la frontière française, il a toutes les apparences d'une station de sports d'hiver, avec un nombre incroyable de supermarchés. Il détonne par sa laideur dans un paysage très beau. Amateurs de cigarettes, d'alcool, de parfum et d'électroménager viennent de toute la France s'y approvisionner (parfois + ou - légalement).
Il faut reconnaître que pour les amateurs de shopping et de randonnées en montagne, le lieu est parfait !
Au Pas de la Case, je ne m'attarde pas : profitant d'un ciel virant au gris-bleu mais sans nappes de brouillard en prévision, je me décide assez rapidement à faire la dernière partie qui me sépare du port d'Envalira, à 2410m.
La route est très large, elle a souvent 3 voies, et est d'une excellente qualité. La pente est sévère, elle atteint souvent les 8 ou 10%, mais visuellement elle n'y apparaît pas. En revanche, au niveau du souffle, cela commence à devenir difficile pour moi : chaque coup de pédale compte double, dû à la raréfaction de l'oxygène. Il ne fait pas très chaud, mais tant qu'il n'y a ni vent ni pluie, ce n'est pas un problème.
Les panneaux sont en catalan me rappellent chaque hectomètre que je ne suis plus en France. Je me mets à parler en espagnol, ou plutôt en espanglish.
Route et paysage en amont du Pas de la Case
Dans cette belle montagne pyrénéenne, au Port d'Envalira à 2410m, on y trouve... 3 stations services ! Mais qui peut avoir eu l'idée d'autoriser de tels équipements dans un endroit si beau et sensible?
Au niveau environnemental, ça détonne... ce n'est certes pas mon pays, mais quelle mouche a donc pu piquer les andorrans pour des permis de construire à cet endroit? La veille au port de Pailhères, c'était des vaches sur les bas côtés. Là, des stations services... C'est laid, et ça pue.
Au Port d'Envalira
En redescendant vers le Pas de la Case
Je suis bien évidemment satisfait d'atteindre le sommet routier pyrénéen : la montée, effectuée en 2 parties depuis la veille, ne m'a pas paru très difficile. Exigeante nerveusement, nécessitant beaucoup de concentration, mais si elle était empruntée au Tour de France, je doute qu'elle ne dépasse une 1e catégorie, malgré sa longueur. Il n'y a que les 5 derniers kilomètres, dont toute la partie andorrane, qui est plus exigeante.
Au col, il y a pas mal de cyclistes et motards présents, mais le moins que l'on puisse dire c'est qu'au col, ça caille ! Le thermomètre indique 6°, il y a un vent frais, je me couvre autant que je peux.
Après avoir fait causette quelques minutes avec d'autres cyclotouristes espagnols et allemands, je me décide à retourner au Pas de la Case, pour y déjeuner. Ca commencera par un chocolat chaud !
La descente est rapide, mais surtout, la route est sèche. Le paysage est toujours aussi grandiose. En vélo, tout se mérite. Là en l'occurrence, même si le ciel n'est pas bleu, je suis gâté !
Je déjeune au Pas de la Case, ce ne sont pas les restaurants qui manquent ! Je discute avec des touristes qui m'ont doublé dans la montée, au plus fort de l'averse.
Je me dis que l'après-midi s'annonce plus simple : je n'ai plus qu'à me laisser glisser le long de la vallée de l'Ariège.
Le retour en France se fait, au début par temps sec. Mais soudain, au détour d'un virage peu avant la douane, je me retrouve au-dessus de nuages, vers 1800m... je crains que la descente ne se déroule dansun brouillard dense. Ce sera le cas. Dangereux !
La route est très large, mais le brouillard est tellement dense que parfois de l'intérieur des virages je ne vois pas l'extérieur. Voitures comme 2-roues, il est impossible de dépasser les 30km/h. Je ne dépasse bien évidemment aucune voiture, tout comme aucune voiture ne me dépasse. Je suis les yeux rivés sur la voiture de devant, et son phare de frein. Nous nous suivons au train.
Paradoxalement, je me dis que quitte à faire une descente dans un fort brouillard, mieux vaut que cela soit sur une route à fort trafic, plutôt que sur une route sinueuse.
Le brouillard au carrefour des routes d'Andorre, Perpignan et Toulouse. La visibilité était là bonne, en comparaison d'autres moments!
Je passe Ax-les-Thermes, puis j'arrive à Luzenac. La route est pénible, alors à Luzenac, village de 600 habitants par ailleurs connu pour son club de foot interdit de montée en Ligue2, je me décide à faire une grimpette supplémentaire de 300m, afin d'avoir des routes + tranquilles jusqu'à Foix.
Le stade de Luzenac.
Luzenac, sous forte pluie
A Luzenac, je passe vers le stade, puis je continue à grimper vers Lordat. La pluie est très forte, la montée assez sèche. Je crains le brouillard, car le plafond est bas. La pente est assez soutenue, autour de 9%. La vue sur la vallée de l'Ariège est impériale, en particulier sur le village industriel de Luzenac.
Trempé mais heureux ! En haut de la côte de Lordat
Lordat, je passe le château cathare. Je sais que je suis au sommet de ma dernière côte pyrénéenne! Suivront 20km de routes très étroites au trafic local, et plutôt plats. Même si la chaussée est détrempée, il ne pleut plus : du pur bonheur !
Le village a-t-il inspiré Pharrel Williams?
La route vers Caychax, sous la chappe nuageuse (09)
La route passe dans un 'pas' entre 2 montagnes assez abruptes, à 910m. On ne peut pas vraiment parler de col au sens géographique du terme car ça ne monte pas, plus d'une vallée haute.
Peu après, une descente assez abrupte à + de 10% sur 3km, avant de rejoindre à nouveau la vallée de l'Ariège.
L'entrée à Foix se fait peu après.
Entrée à Foix. La chaussée est toujours détrempée.
Au pied du château de Foix.
Foix by night
L'auberge de jeunesse se trouve dans l'hypercentre de Foix, et je suis bien heureux d'avoir fini cette journée !
La nuit sera récupératrice, avant de prendre la direction d'Auch le lendemain. A ce moment, je commence à me faire à l'idée de rentrer jusqu'à Nantes en vélo.
Pour résumer, ce fut une journée 'bonus' au niveau sport car j'aurais très bien pu ne me décider qu'à descendre l'Ariège. Mais la météo l'a rendue épique. Et nerveusement, à Foix, je suis lessivé !
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